Mais les Pères Lebbe et Cotta sont sacrifiés: à trois mois d’intervalle, ils doivent quitter la Chine. Le premier est chargé par le visiteur apostolique, Mgr de Guébriant, d’entamer un apostolat parmi les étudiants chinois d’Europe. Convaincu de longue date de la partie décisive qui se joue dans ce milieu déjà gagné en France à l’anticléricalisme, bientôt au communisme, le Père Lebbe a accepté, par obéissance, cette mission qui lui fait espérer de pouvoir en même temps s’expliquer à Rome. D’avril 1920 à février 1927, il va se donner jusqu’à l’extrême limite de ses forces à plusieurs centaines d’étudiants, pour lesquels il trouve écoles, logements, subsistance, en suscitant en leur faveur, notamment à Paris, Lyon, Lille, Liège, Verviers et Louvain, et aussi en Allemagne, en Suisse, aux Pays-Bas et en Angleterre, un vaste mouvement de sympathie. Une élite chrétienne chinoise se prépare là, petit troupeau sans doute face au grand nombre animé de tendances xénophobes et antireligieuses, mais qui, dès 1922, se structure dans une Association de la Jeunesse catholique chinoise, et auquel Vincent Lebbe veille à assurer, pour le moment du retour en Chine, la persévérance religieuse et des débouchés professionnels: plusieurs de ses anciens étudiants d’Europe deviendront dans leur pays des personnalités influentes. Pour lui, le slogan du temps: «La Chine aux Chinois», qu’il fait sien, se complète par «et les Chinois au Christ».