Lors de l’invasion de la Mandchourie par les troupes japonaises en 1931, Frère Vincent Lei mène à Ankwo, centre de son diocèse et de ses monastères, une campagne d’éveil patriotique qui, par ailleurs, ouvre la voie à l’apostolat dans cette ville. Il rédige aussi la lettre collective que les seize évêques chinois adressent à la commission d’enquête envoyée par la Société des Nations. Deux ans plus tard, quand les Japonais pénètrent au Jehol, il se met à la disposition de l’armée chinoise avec 20 de ses Frères et 240 brancardiers formés à la hâte. C’est aussi en 1933 qu’il quitte la Société des Lazaristes et devient officiellement le premier supérieur des Petits Frères. Le service patriotique totalement désintéressé de ce moment n’est que le prélude à l’engagement ultime, dans la guerre sino-japonaise, déclarée en juillet 1937, qui va faire de Vincent Lei un héros national. Après avoir rédigé deux testaments spirituels à l’intention des Petits Frères et des Petites Soeurs, le fondateur quitte définitivement Ankwo le 24 septembre 1937. Quelques dizaines de Frères et plus de 200 secouristes recrutés sur place, notamment des chrétiens, l’accompagnent. Sous sa direction, ils vont prêter main-forte au service sanitaire de la 12ème division du IIIème corps d’armée. À partir d’octobre 1937, celui-ci mène des combats acharnés pour empêcher, mais en vain, l’invasion du Shansi par les armées japonaises. À son arrivée en Chine, le Père Lebbe a connu les derniers soubresauts de la guerre des Boxers. Il écrivait en 1901 qu’il était «absolument décidé à ne jamais défendre [sa] propre vie»; et le témoignage des martyrs de cette guerre l’avait profondément édifié. Le maître mot de Lei Ming-yuan dans la guerre sino-japonaise est: «Vivre et mourir avec les blessés.» Sous sa responsabilité, 20.000 de ceux-ci seront évacués.